Ils remuent. Ils remuent. Ils remuent. Grouillent comme des insectes. Et plus la journée avance plus ils grouillent. Ce troupeau malodorant et incroyablement stupides qu'ils nomment élèves. Ohhh qu’ils ont hâte de s’en aller. De sortir dans la rue et s'éclater toute la nuit. Preuve qu’ils sont stupides. Je m'étonne encore qu’ils ne soient déjà pas tous morts.
Pendant la récréation je prends les paris avec mes collègues. Ou du moins ceux qui ne sont pas absorbés par ma propre beauté. On regarde la liste de nos élèves et ont places quelques quids sur la tête de certains. Les plus côtés sont ceux que l’on estime condamné. Aujourd’hui encore nous prenons les paris pour le weekend à venir. J’ai misé sur Jeanne. Qui lorsqu'elle criera au-secours une dernière fois se rappellera sans doute avec regret qu’elle aurait dû rester chez elle à réviser son alphabet. Pauvre Jeanne.
Lorsque je reviens quelle n'est pas ma surprise lorsque que d’une écriture particulièrement grotesque je vois : « le prof ressemble à une chèvre ». C’est sans doute Kévyn, un alien arrivé récemment. Sur sa planète les plus belles créatures à leur yeux sont des chèvres. Ils reviennent. Certains gloussent. J’esquisse un sourire et je m’installe à mon bureau. Je repousse les tampons à corriger. Je les fixe. Ils me fixent. Je penche la tête sur le côté et je prends mon air le plus usé quand je dis :
Je ne veux pas savoir de qui cela vient. Il y a tellement de fautes et l'écriture est tellement abjecte que je pense sans mal connaître le coupable. Cependant , je n'ai absolument aucune envie de chercher à savoir si j’ai raison. Ou si j’ai tord. Je vais plutôt vous donner une dissertation. Ah. Non. Une double dissertation à rendre pour lundi. Et vous expliquerez à quel point je suis incroyable, que dis-je. Formidable ! Sauf toi Jeanne. Parce que tu as réussi à écrire ton prénom aujourd’hui.
Et surtout de cette manière je suis certain de remporter ma mise de départ, si les autres élèves ne sortent pas, ils ne risqueront rien.