La nature est toujours belle. La nature est liberté. La nature apporte la sérénité. Mais la nature se doit d'être vraie. Cette forêt n'était pas... Belle. Elle est trop uniforme. Elle manque de... naturel. Elle était verte, pourtant. Mais trop organisée. Oui, c'était ça, le ressenti. Tu ne te sentais pas très bien, ici. Mais en même temps, tu te sentais mieux. Loin de tous.

Loin des gens qui veulent étrangement te maltraiter. Te racketter. Te rabaisser. Tu n'as jamais compris pourquoi. Pourquoi ce besoin irrémédiable de s'en prendre à toi, qui n'a pas de personnalité forte. Tu préfère la gentillesse. Et on ne peux pas dire que c'est l'Homme le problème. Ou peut être que si, justement. On s'est tous adaptés. Mais pas toi. Tu as vécu loin de ces jeux dangereux. Une vie paisible. Pas ce dont les gens rêvent, mais au moins, la vie était douce. Pas comme ici.

Plus de grand frère pour te défendre. Plus de petit frère non plus. Juste. La jungle. Et ses pièges. Sa noirceur. Ses horreurs. Tu ne demande pas grand chose. Juste de pouvoir vivre gentiment ta vie. Tu ne poserais pas de problèmes. Mais pour l'instant. Tu profitais du calme. Adossée contre un de ces arbres semblable à tous les autres.

Tu imagina ce qu'il manquait, les yeux fermés. Le bruit de la vie. Des animaux. Les oiseaux. Les pas. Les courses. Un peu de neige aussi. C'est beau, la neige. Oui, c'était très joli. Pas comme la maison. Mais joli quand même. Tu imagina une biche prendre la fuite. Tu vis des lapins courir dans la poudreuse. Magnifique tableau. Jusqu'au crack. Comment ça, un crack ?

Tu rouvris les yeux, parce que ce crack, tu ne l'avais pas vraiment imaginé. Et puis ce n'était pas le genre de crack que l'on peu qualifier de normal. Naturel. Délibéré. Non.

« Quelqu'un est là ? »

Tu tendis l'oreille, pour écouter attentivement les bruits tout en regardant autour. Et potentiellement te mettre en boule. Ou courir. Ou les deux. Tu ne savais pas. Ce serait sans doute un peu compliqué. Hum...

Qu'est ce que cela pouvait être ? Eh bien, l'imagination à toujours été quelque chose de particulièrement inspirée. Nous étions dans une forêt. Dans un endroit éloigné. Un lieu vide de monde. Isolé. Cela pouvait être tout. Et rien. La plus gentille des créatures. Comme la plus malfaisante. La loi du plus fort. Elle est présente partout. La nature se charge elle même de se réguler. Les malades sont chassés. Mangés. Le reste survit. Les plus fort. Est-ce que tu étais forte ? Non.

Même si tu le voulais, tu ne le serais pas. Tu n'avais pas assez de caractère pour ça. Bien trop douce. Bien plus soumise que dominante. Mais après tout, il faut de tout. Il faut du calme pour calmer la tempête. Et inversement. Sinon tout allait droit dans le mur. Tu leva les yeux. Cherchant désespérément d'où venait ce bruit.

« Doux ... plus... bouger »

Tu regardes vers l'endroit d'où semblait venir cette voix. Une voix... triste. Une jolie voix. Une voix qui crie sans le faire. Qui demande de l'aide. Oh. C'est... Grand. Plutôt grand. Assez grand. Inquiétant. Tu as peur, dans un premier temps. Tu retiens ta respiration. Ton cœur bat vite. Une vraie proie. Mais bien vite. Encore plus de tristesse. C'est à fendre le cœur. A blesser une âme. C'est triste. Très triste.

« ... »

Tu grimace. Tu n'aime pas voir les gens tristes. Les créatures non plus. Peut importe. La tristesse est trop sombre. Il faut de la lumière. Tu te lève pour t'approcher, à pas de loup. Ne pas faire peur. Mais bon, personne ne pouvait vraiment avoir peur de toi. Quand même... Ce sont de belles dents que tu vois là... Courage ! Tu veux l'aider.

« Je... Je peux t'aider ?... t... Tu as mal quelque part ?... »

Tu ne sais pas trop quoi faire. Tu devrais sans doute faire comme si tu prenais un charge un patient. Comme quand tu travaillais. Peut-être ?Tu hésite. C'est nouveau... Il avait dit Doux ? Est-ce que c'était son nom ?... uh...

« Doux c'est ton prénom, c... c'est ça ? »

Est-ce que tu devais plus t'approcher ? C'était vraiment une grande créature... Avec des dents pointues... Elle pourrait ne faire qu'une bouchée de toi. Gloup.

Il serait difficile de dire lequel de vous deux à le plus peur de l'autre. La petite bête ne mange pas la grosse, en général. C'est même plutôt l'inverse. Mais là, tu te trouve devant une créature de certainement 4m qui... fait la morte. Qui a arrêté de respirer à ton approche. Jusqu'à la prononciation de son nom. Enfin, est-ce que ça l'était ? Tu avais essayé de déduire cela à sa façon de parler. Ses oreilles cassent des branches en se redressant. Tu sursaute face à la rapidité de l'action.

Et voilà, la créature te regarde. Yeux dans les yeux. Une étincelle. Un message passe. Un échange curieux qui fini par un sourire. Très gros sourire. Un sourire avec de sacrés dents, il faut dire. Pas très rassurant, ça, non. D'autant que c'est un sourire assez indescriptible, qui s'offre à toi. Voyons... Si ce n'est ni humain. Ni vampire. Ni zombie. Ni loup. Alors ça ne peut-être... qu'Alien. Forcément. Certainement. Ce doit être ça. Mais des aliens comme ça... On en voit rarement ça et là. Les autres ont revêtu une apparence plus ou moins humaine pour se fondre dans la masse. Il semblerait que ce ne soit pas le cas de tous.

« Doux... coincé... mais Doux vouloir savoir... comment toi savoir que Doux s'appelle Doux? »

Oh. Oui, ce doit être un enfant. Surtout pour qu'il s'exprime ainsi. Enfin, quelque chose s'y approchant, sans doute. Tu le trouve mignon, finalement. Si l'on omet de compter ces grandes dents. Il cherche à faire quelque chose, mais l'environnement l'en empêche. Ce n'est vraiment pas de chance. Tu ne sais pas si tu arrivera à l'aider à se décoincer...

« Doux pas présenter, femelle pas savoir et pourtant femelle appeler Doux, Doux. Femelle forte. »

Cela te fait sourire. Il ne s'en rend pas compte, pas vrai ? Tu trouve ça adorable. Il te rappelle un peu ton petit frère, quand il apprenait à parler. Souvenirs d'enfance à jamais conservés dans un coin de ton cœur.

« C'est parce que tu dis "Doux" en parlant de toi. Je... J'ai pensé que c'était ton nom. Ce qui est le cas... Je m’appelle Vodka. »

C'était ton surnom, mais tu préférais ne pas donner ton prénom aux gens, même aux aliens adorable. Tu t'approcha un peu de lui, n'ayant rien d'autre qu'une posture neutre. Tu préférais ne pas l'effrayer à nouveau. Mh... Ces arbres sont vraiment gênant. Mais comment diable a-t-il fait pour arriver jusqu'ici sans être coincé avant ?... Il a eu de la chance, certainement.

« Pour parler de soi, on dit généralement "Je", plutôt que son prénom. C'est pour ça. Essaye et je te dirais si tu as bon. »