Where I'm born is where I'll die Where I live is where I cry
Un visage qui parait avoir tant vécu, les traits d'une autre ère. Et il n'y a que ça dans nos yeux d'aliens, il n'y a que les reflets d'une autre vie, des mirages de paysages lointains que les Humains ne penseraient même pas découvrir. Il y a tant dans cet univers, et nous nous retrouvons comme des pauvres bêtes, écrasés sous les murs d'un peuple qui ferait tout pour nous voir brûler. Et dans les yeux d'Altrois, j'arrive presque à voir les paysages qu'il me décrit et et je le vois se noyer doucement dans ses pensées. Alors je le laisses méditer et me berce dans ma propre nostalgie.
Mes bras se serrent autour de mes genoux et mon regard glisse quelque part, partout sauf sur celui d'Alty. « C'était beau, et trop calme. Une toute petite planète pour un très petit peuple. Aujourd'hui, le futur de notre race est probablement entre les mains de quelques uns d'entre nous seulement... mais je me demandes s'il y a même un but à une progéniture. » Progéniture? J'avais entendu ce mot en arrivant sur Terre, mais il avait été jeté dans un contexte bien plus agressif, comme une menace.
Un coup cogne à l'intérieur de ma tête. J'étais trop absorbée dans mes pensées pour que ça soit l'alcool ou les larmes qui remontent. Tellement absorbée que mon esprit en était devenu complètement lucide. J'avais ouvert des portes et j'étais prête à partir, à nous laisser prendre la place. « Nous... » Et ma tête persiste à se mutiler, comme trop étroite pour ce qui s'y baladait. Fynnon, porte battante, s’enfouit dans ses genoux et tente de lutter dans cette guerre qu'elle a déclarée . Elle était toujours la plus faible, et pourtant, même nos mains sur la poignée, le goût du jour paraissait encore amer. Derrière cette porte, une autre. Et l'azur de Fynnon perçait encore une fois trop fort pour nous.
Je relève la tête brusquement, confuse, mais mes yeux se posent sur Altrois et je me souviens alors d'où je suis, qui je suis et ce que je disais. Et les réminiscences affluent, ce visage toujours dans mon esprit. « Mais je suis contente d'être arrivée ici. On avait que deux saisons et trois couleurs. Les verts des plaines, les rouges des crépuscules, les bleus du ciel. Sur Terre, j'ai put découvrir le jaune des... bananes ? Et le rose des fleurs, le gris comme les rues de Dédale et le violet... » et je tentes de garder mes yeux sur ceux d'Alty mais mes paupières sont lourdes et le salon devient de plus en plus sombre. « le violet, comme toi... » Ses jambes commencent à tanguer, et la balance de son corps la fait naturellement s'écrouler sur Altrois. « Le premier violet... que j'ai vu. »
Can you love me Naked Yeah yeah yeah yeah yeah yeah Naked yeah yeah yeah yeah yeah yeah
Ca me tilte l'esprit doucement... Quelque chose ne tourne pas rond. Autant Alphie peut être insupportable et idiot, autant j'avais réellement l'impression qu'il lui arrivait quelque chose, et la soudaine disparition de mon attire n'était pas complètement habituelle non plus.
Je ne réagis pas à la soudaine décision d'Alphie. Du moins, mon corps ne réagis pas, mais mes yeux et mon coeur en sont tout émoustillés. Il crie toujours. Et les premiers mots qui me sont venus à l'esprit ont échappés mes lèvres. « Vous voyez, monsieur... On est tous deux aliens, descendants d'une race animale peu connue ici. Et les vêtements, vraiment, c'est un concept assez étrange. Mon PETIT frère, en particulier, je désigne Alphie de ma main, est allergique à ce... coton? Alors on fait comme on peut pour survivre. » J'ai du mal à croire prendre la défense d'Alphie, mais au vu du bonhomme qui avait pas l'air de détester ses tétons chocolat, j'étais la seule encore assez saine pour nous sortir de cette situation.
« Ah ouais? Bah pourquoi il continue pas à se foutre à poil maintenant qu'il a commencé? » Pardon? Oh, non non non non non. Non. « Bah allez, ça serait dommage de chopper une maladie à cause des fringues. » Et j'ai tant de souvenirs désagréables d'Alphie les parties à l'air, souriant à la vie.
J'ôses à peine poser mon regard sur le sien alors que le vieux se tient encore face à nous. J'inspire. Mes mains s'agrippent furtivement au pantalon d'Alphie et glissent à ses pieds. J'expire, et me redresse.
Can you love me Naked Yeah yeah yeah yeah yeah yeah Naked yeah yeah yeah yeah yeah yeah
Pendre Alphie en public, nu.
Ca, je penses que ça pourra attendre même si l'envie monte anormalement vite. Sa voix me perce les tympans et jusqu'au cerveau et pour une fois, Alphie n'est pas le premier de mes problèmes. Je suis nue dans les rues de Dedale, et ma vie pourrait finir de six cent manières différentes, là tout de suite. Et j'aimerais me concentrer sur le POURQUOI DU COMMENT MES VETEMENTS ONT DISPARUS – j'en oublierai pas de préciser que j'avais enfilé mon plus bel attire en cet journée ensoleillée – mais l'Alien continue son bazar et vraisemblablement, il va pas s'arrêter, et mon envie de le manger sur place ne fait que grandir.
« ALPHIE ARRÊTE DE CRIER PEUT-ÊTRE ?!!! » Mais même en espagnol il ne comprendrait pas. Autant la nudité ne me gène pas plus que ça, autant, c'est Alphie, et notre historique me met plus dans l'embarras que ma porcelaine à l'air. A l'époque o- « J'ai pris, tu trouves ? » Je baisses les yeux vers ces deux dunes immaculée et les enrobent de mes mains – la dernière fois que j'ai vu une humaine nue, c'est une des seules choses qu'elle a voulu cacher, et je me poses encore des questions. « Tu veux toucher ? »
Je relève les yeux vers lui et, ah, si on en enlève toute sa stupidité je me verrais presque fondre pour ce nouveau visage.
Can you love me Naked Yeah yeah yeah yeah yeah yeah Naked yeah yeah yeah yeah yeah yeah
Et il y avait toujours un moment de la journée, une petite coupure entre deux escapades, où je me retrouvais le nez trop enfouit dans tout ce sucre. Un instant bonheur et découverte pour mes papilles toujours trop peu habituées à ces saveurs singulières de la Terre. Aujourd'hui, juste sur le bout de ma langue, un goût se détachait. Une nouvelle acidité, un arrière-goût presque inquiétant. Mon estomac creusait des abysses encore inconnues et je me suis efforcé de finir cet amuse-bouche pour remplir ce trou. Et le goût m'est resté en bouche plus longtemps que j'aurais voulu. Les sourcils noués, j'étais repartie en route vers le soleil couchant, dessinant ses roses dans le ciel.
Et il y avait toujours ce soulagement pour nos yeux lorsque le soleil nous quittait et la brise de la nuit se réveillait tout juste. Une brise un peu plus fraîche aujourd'hui. Jusqu'entre mes jambes, jusque sur le bout de mes orteils je la sentais.
OH. Oh.
C'est qui qui va pouvoir cocher ça de sa Dedale Bucket List ce soir? Pour des raisons dont la logique m'échappait, c'est moi!
Pratiquer ce que les Humains appellent "nudisme"???? nudisme, def: Pratique de la vie au grand air dans un état de complète nudité.
Where I'm born is where I'll die Where I live is where I cry
Alors qu'Altrois me raconte son propre vécu, je suis tordue entre en rire et retenir le peu de liquides qui reste au fond de mon estomac. Le petit éclat sur son visage me rassure, comme une certitude que je ne me ferai pas égorger dans mon sommeil. Chacun de ses gestes me réchauffe un peu plus le cœur, mélangé au miel de sa voix et il est comme un remède immédiat à ma bêtise et mes remords.
Je reprends doucement mes esprits et je n'aurais jamais été aussi chamboulée que ça. J'attrape son aide et m'essuie vigoureusement les pieds battus et il me faut un instant pour me rendre compte que je n'avais toujours pas de chaussures. Je zone pendant un moment. J'aurais put ouvrir une affaire criminelle pour ça, j'aurais put trancher la nuit et retourner Dedale pour retrouver ces damnées de chaussures, mais la proposition d'Altrois m'est trop envoûtante.
Le nom de Cocheta m'écorche un sourire, j'en sautillerais presque. « Si elle le découvre je dirais que c'est ta faute. Et si c'est de ta faute c'est pas de la mienne. DONC... tu te ferra manger en premier. Sinon je peux dormir avec toi. » Il y a toujours cette question qui revient, et peut importe la réponse, il y aura toujours une Fynnon quelque part dans la chambre d'Altrois.
Je fixe la télé d'un regard vide, les secondes passent, et je vrille vers Alty. Un léger sourire s'esquisse sur mon visage et j'attrapes la télécommande, la pointant juste sous ses yeux. « Chaîne... Altrois. » Le téléviseur s’éteint et le silence nous reprend. Il y a comme un poids dans la pièce pendant que mes mots se mélangent juste sous ma langue, cherchant les bonnes paroles. Mon bras se relâche et s'enroule autour de mes genoux dans lesquels j'avais reposé ma tête. « J'en connais trop peu sur toi. » Et ces mots, d'une voix sereine, sonneraient presque étranges venant de moi.
Je me surprends à ne plus penser, à juste le regarder, à me demander de quelle pierre vient la teinte de sa peau, de quoi sont faites ses cornes et leur valeur sur le marché. « Elle te manque ta planète ? »
When the fire dies, darkened skies Hot ash, dead match, only smoke is left
J'erre pendant les heures creuses des rues de Dédales. Elles chuchotent et se font plus larges que lorsque la masse s'y attarde en fin de semaine. On oublis jamais qu'on est sur une île de fous furieux, une île où les morts-vivants et les Edward Cullen s'acharnent pour savoir qui serait le plus propice des deux à clamser en premier, debout au Soleil. De l'autre côté, il y aura les gens qui en ont un peu trop dans leur poche. Les deux ensembles, c'est les rues de l'île lorsque les gens un tant soit peu civilisés 'travaillent'.
J'erre dans des rues sombres, loin du Soleil au zénith qui me décollerait la rétine. J'erre à la recherche de nouveaux lieux, comme si je n'avais pas déjà compté treize fois toutes les tombes insolites dispersées sur l'île.
C'est ce que j’essaye de me faire croire, mais les quelques regards inquiets qui avaient put se poser sur moi m'indiquaient que mon stalkage de PRN – poisson rouge national – était trop peu discret. J'aime me dire que c'est une simple coïncidence et que l'on se dirige juste vers le même endroit, mais je n’aurais jamais rien à faire à la Cathédrale de l'île. Pourtant j'y suis, et quand Aquarius en pousse les portes, je songes légèrement à tourner talons. Mais je gardes la porte ouverte, juste derrière lui, et pendant un instant j'étais beaucoup trop proche et ça serait le pire endroit pour me faire griller et gueuler au scandale.
J'obsèrves sa grande, grande, silhouette d'écailles nacrées et plus je le regardes, plus son rouge se reflète sur mon visage, comme si je l'avais regardé trop longtemps, comme si mon sang en bouillonnait.
Perdue dans les abysses de mes pensées où Aquarius y nage à son aise, mon attention est arrachée par ces chants stridents. Et, oh, cette éclat au bout de son doigt. En tant qu'espionne professionnelle rémunérée aux ongles de chips, je m'étais juré de ne jamais intervenir dans la vie de ma mission. Pourtant, autant j'adorais admirer ses formes droites, autant le voir se molester de ses propres dents rentrait moins dans mes attractions personnelles. Et ça aurait put aller, si ça n'avait été que le doigt-bougie, mais j'ai vu le regret se dessiner sur son visage et il y a eu comme un son juste avant, tout juste un craquement. « OH DIANTRE, AQUA !!! » et mes mains se claquent sur ma bouche, essayant de ravaler mes mots. Trop tard, ma voix résonne encore dans les coins complexes de l'édifice, et je suis certaine d'avoir été maudite pour les cent trente prochaines années par tous ces yeux me cherchant, ignoble créature envoyée par le Dieu des Enfers, blablabla je les entends déjà murmurer.
Je me glisse alors à l'intérieur de la Cathédrale, me hisse sur la pointe des pieds – pourtant, inutile de faire dans la discrétion maintenant – pour m'avancer jusqu'au PRN (je rappelle, Poisson Rouge National). « Ok... Zen... » Au vu de l'agitation de mes mains dans le vide, j'en conclus être un peu plus en panique que lui et vraiment, « JE VEUX PAS QUE TU MEURS SOUS MES YEUX OK ??? » le volume de ma voix est un concept dans cet endroit de recueil. Cette atmosphère me rend mal à l'aise, comme une envie de m'arracher les intestins, les enrouler autour d'un arbre puis les remettre à leur place. « Qu'on soit d'accord avant que tu meurs ou tombe dans le comas pendant 30 ans... je te suivais pas. Je... je... te cherchais ? Justement. »
Mes mains cherche frénétiquement quelque chose dans mes poches, une baguette magique peut-être ou un nouveau doigt pourrait aussi faire l'affaire. Des pansements. On me les avait donné quand je m'étais mordue la langue à trop parler, à ce jour je réfléchis encore à comment j'aurais pu les utiliser. Au moins, arrive enfin mon moment de gloire. J'y jette un œil, et cette créature blanche sans bouche sur fond rose me laisse un peu perplexe, mais moins que le pourquoi Aqua avait pensé bon de se croquer le doigt.
Finalement, je lui lances un regard interrogatoire et vacille entre lui et les pansements. Peut-être que son corps a auto-heal et que je suis juste en train de me ridiculiser, peut-être qu'il avait même pas mal en fait, et que je suis juste en train de m'enfoncer. Je lève un peu les pansement et mon regard se plisse un peu plus. « Je sais pas comment on utilise ça... mais je crois que ça peut te guérir. »
You can cry, or maybe you can die Okay you won't die, but we know you will cry
Débarquer chez quelqu'un dans la nuit pour venir vomir sur son tapis. Fynnon style.
Plus je vois les dégâts, plus la honte me monte au visage. C'est humiliant et je me sens vulnérable, l'estomac vidé de tous ses péchés. Altrois pourrait me jeter là tout de suite, et je pourrais ne plus jamais le revoir – connaissant la drama queen qu'il est. A ma plus grande surprise, sa réception de la situation se fait calmement, et ça m'inquiète presque. Je restes immobile, page blanche, et j'entends ses pieds s'attarder un peu partout. Les placards claquent et l'atmosphère pèse sur mes épaules, sur ma tête abaissée. Il revient et s’attelle à l'ouvrage.
Le silence me tue toujours plus et j'en aurais presque préféré qu'il me jette tous les sorts du monde, ça m'aurait au moins évité de trop penser et de me perdre dans cet avalanche émotionnelle. Son regard me surprend, et il est intact, presque juste plus inquiet qu'il y a quelques instants, à l'épisode des chaussures. Je ne mérites pas Altrois.
Je hausse la tête, deux fois. « Désolée, Alty. » Dans un murmure, mes mots remontent à la surface de mes lèvres et ma gorge se noue, toujours brûlante. « Désolée. » Si j'avais pu fuir, j'aurais fuit. Mais entre mes pieds gorgés de dégueulasserie et l'incertitude que le monde ne soit plus un manège en me levant, je garde mon postérieur au fond du sofa. « J'aurais pas dû boire, mais c'est drôle ce truc... » Mes yeux me brûlent et quelques battements de cils et des signaux d'alertes à mon cerveau, les larmes affluent sur mon visage et tombent sur mes mains.
Oh, Fynnon, faible créature, victime d'un flux de pensées trop lourd pour un courant émotionnel trop faible. Elle sèche ses joues de ses doux poignets et attrape l'un des coussins pour s'y morfondre.
« De toute façon il était moche ton tapis... » Oh, Fynnon, si tu pouvais garder ta sale bouche close des fois. Tout le temps, peut-être. Ca t'éviterait d'avoir à signer ton testament à chaque fin de post.
You can cry, or maybe you can die Okay you won't die, but we know you will cry
Il n'y a jamais eu rien de tel qu'un Altrois inquiet. Un vrai petit père. La douceur de ses paroles en apaise presque mon esprit et tous mes maux. Malheureusement l'alcool dans mon système perdure et chaque souffle que je tire est une réminiscence de ce breuvage. Altrois sait s'y faire et un grand débat s'installe en moi pour savoir s'il est plus inquiet pour moi ou pour ses épingles qui d'ailleurs n'avait rien à faire dans les entrailles du tapis? Trop de doutes, si peu de temps.
Je jettes un œil à mes pieds, à la terre faufilée entre mes orteils et cette porcelaine non respectée. « En tout cas, j'ai des jolis pieds. Peut être que mes chaussures ont fuit parce que mes pieds sont trop jolis et qu'ils méritent pas d'être enfermés? Dit Alty, t'as pas l'impression que tes pieds sont vivants des fois? Ou alors que la Lune te parle? Non parce que c'est fascinant, puis c'est drôle les chaussures. Chez moi on marche sur des feui- Oh non, c'est à la télé que j'ai vu ça. Chez moi on marche pas je crois. 'Fin je sais plus. Tu sais c'était il y a pas longtemps mais je m'ennuie tellement que baaah. Eh, Alty, si on retrouve mes chaussures je pourrais te marcher sur le dos? Ca doit être vachement cool quand m- » Mes mots se coincent au fond de ma gorge, presque retenus par un flux de mes entrailles. (De toute façon, tu parlais trop Fynnon.)
et c'est là.
Il y a un court blanc dans ma conscience, comme si on y avait mit pause. Quand mon cerveau reprend, il y a une mare multicolore multitexture à mes pieds - mon petit déjeuner d'il y a quatre jours, la branche que j'ai mangé hier soir et le paquet d'ongles que j'avais regretté ce midi, tout ça baignant dans les abysses de mon estomac et dans ce cocktail rougeâtre de plus tôt.
Je ne sais pas trop, mais mon pied a pour réflexe de s'avancer, juste pour voir ce que ça fait, de marcher dans son propre estomac.
« Oh... »
L'odeur remonte.
« Hehe... »
Et Altrois est toujours là. Je souris bêtement, sincèrement peut-être, alors que mon regarde vacille entre son teint violet et la teinte du tapis, qui étais (précédemment) d'un blanc à m'en brûler la rétine. Bien fait. Repose en paix.
« Haha... »
C'est encore amer en bouche, et le silence me tue encore plus que si ces deux cornes se retrouvaient malencontreusement dans mon estomac.
Bref, j'aime beaucoup Altrois et j'aime beaucoup la vie mais je viens de vomir sur son tapis. Ceci est mon testament.
You can cry, or maybe you can die Okay you won't die, but we know you will cry
« SALVATION !! »
Un regard brièvement posé sur celui d'Altrois, et je pénètre dans son antre, toujours trop belle toujours trop propre. Son odeur s'attarde dans la pièce et dans mes sens, une odeur que je pourrais identifier dans une foule, l'odeur de ses gênes. Je frottes la rougeur sur mon front et me demande encore une fois ce qu'il m'a pris de faire le marteau sur la porte ; l'alcool dans mon système me répond sous forme de gaz qui m'arrache mes mots. Mon ventre grogne. « Nope, pas malade. Tout va bien docteur ! »
Je balaye la pièce du regard. La machine à coudre est fièrement allumée au même endroit qu'à son habitude, et je l'entends me parler. Pas de nourriture à l'horizon, mes jambes me lâchent sur le sofa toujours trop douillé, et c'est là que je me rends compte.
Altrois serait pas devenu jaune ?
Mes sourcils se rejoignent et dans une outrance jamais égalée, je me tourne vers lui. « ALTY ???? » Nope, toujours violet, toujours cornu et toujours bien coiffé bien brossé qu'importe l'heure qu'il soit. Il est quelle heure ? Je mangerais bien du beurre. « Je mangerais bien du beurre. Eh, Alty ? » Blottie dans le coin du sofa, je croise les jambes et inspecte la plante de mon pied, et on aurait dit un cactus. « J'ai des choses plantées dans le pied, t'es coupable et honnêtement, je souffres. » Je lui tends mon pied et c'est là que je me rends compte.
Je ne portais pas de chaussures.
« SOS Chaussures ? J'ai plus mes chaussures. J'ai perdu mes chaussures !!! Alty on est en DANGER !!!! » Mon esprit s'agite et pense aux chaussures perdues, ou inexistantes d'ailleurs, mon cerveau est concentré à faire souffrir mon pieds et mon estomac est devenu un être à part entière, indépendant et trop agité.
You can cry, or maybe you can die Okay you won't die, but we know you will cry
Bien que l'avoir ingurgiter qu'une seule fois auparavant, il avait suffit de peu pour que mon corps se souvienne de cette atrocité menaçant toutes les parois qu'elle touchait en descendant dans mon système. Ce n'avait été qu'une fois et pourtant, le goût de l'alcool m'était resté en bouche plusieurs jours et m'avait pourrit la vie bien plus longtemps que ça.
Je divaguais dans les ruelles d'un quartier dont je ne pourrais ni dire ni épeler le nom. Mes sens décuplés, mon sixième inconnu au bataillon. Les enseignes lumineuses tapissaient mes yeux d'une couche de flou et mes guibolles avaient développées leur propre conscience, et mon cœur avait du mal à suivre. Elles étaient prise dans une course contre la Lune, et bien que mon cerveau savait que j'avais plus de chance de tomber dans un lac, aucun moyen de m'arrêter. Adrénaline.
Plus je la fixais, plus ce voile sur mes yeux s’épaississait, et bientôt je n'étais qu'aveugle et boitante. Seule, seule contre la Lune. Et je l'insultais et la pointais du doigt de m'avoir fuit. Personne ne fuit à Fynnon. Personne.
Il a fallu que ma tête cogne contre du bitume pour que ma conscience reprenne contrôle de mon être même et que je me rendes compte que la Lune n'était absolument pas visible cette nuit. Mon ventre grogne, ma langue glisse au fond de ma gorge et mon instinct de survit clique. « Aaaaaaaaaaa... Aaaaltyy !!! »
Violet. Violet. Violet. Violet. J'ai besoin de voir l'homme violet. C'était lui, ma seule solution. C'est toujours lui ma solution, mon plan A et mon plan B, jusqu'au E.
Je sonne à la porte. Du moins je penses sonner, et je penses que c'est une porte. Mais il y a une odeur trop familière pour que mon sixième sens me trompe. Mon odorat titille et ça sens le violet. Et si c'est pas Altrois ? Et si on s'est fait envahir d'hommes violet bien habillés bien coiffés ? J'ai pas d'arme ! Qu'est ce qu'on va faire ? Je sonne, frénétiquement. Et frénétiquement, je me tapes la tête contre la porte. C'est le désarroi. Je suis trop jeune pour mourir.
Trop jeune ? Mais qui suis-je ? Qui sommes nous ?
« ALTY !!!!! »
Et j'ai envie de vomir et de mourir de m'étaler sur le sol en gisant de mon sang et s'il ouvre la porte, qu'est ce que je fais en premier ? Je pisses ou je dégueule ? Et s'il ouvre pas la porte ?!
In your eyes we see the tiny white snowcaps of mountains, The purple glow of distant stars, The blue shine of black metal. Red rose petals falling slowly through the sunny air, Orange clouds, pink moons on the tongue of the sun. Who knew heaven could kiss just like this?
Je n'aime pas le froid. Celui qui crispe mes expressions, assaillit mes mains. Je n'aime pas non plus la nuit. Celle où l'on perd nos repères, celle qui susurre le silence à vos oreilles, qui ne scintille pas assez. J'aime l'aube, chaleureuse et multicolore – je l'aime encore plus si Ange en fait l'éloge.
Je n'aime pas le froid, mais je le tolère sur le bout de ses doigts, peau contre peau, porcelaine et porcelaine. L'atmosphère est toujours différente lorsqu'Ange est là, et je ne fréquente pas beaucoup de vampires mais je supposes que c'est un trait de sa race. L'air devient presque glacial, mes poils s'hérissent et mon sang, comme s'il vivait de lui même, vibre dans mes veines. Mon esprit est calme et j'en aurais presque peur d'en arracher des mots, peur de déconcentrer l'artiste dans son art ; seul sa respiration résonne dans la pièce et sa concentration m'apaise. Je suis presque déçue de croire qu'elle est habituée à ce genre de barbarie, mais fascinée de la voir à l'oeuvre.
La mélodie de sa voix annonce et j'essaye de me concentrer sur les couleurs de l'aube qui parviennent jusqu'au centre de la pièce. C'est toujours le premier contact qui surprend, et j'en oublis rapidement que son doux faciès est enfouit dans mon cou et qu'à tout moment, elle pourrait me tuer, sur mon propre sofa. A chaque gorgée je tire une nouvelle couleur. Un orange qui me rappelle les plaines de ma planète en automne, chasse la nuit dans un bordeaux, et lorsque la pièce baigne dans ce rose pâle qui me rappelle toujours Ange, cette dernière se retire. Ses paroles redeviennent claires, tout comme la perle de ses yeux qui à repris de son éclat, et je m'y vois à travers.
Le soleil caresse son doux faciès et je ricane à sa satisfaction trop apparente. « La journée peut attendre, laisse moi manger un bout à mon tour et je pourrais réfléchir. » Mon corps me joue des tours, m’avertis que vraiment, rester éveiller toute une nuit pour laisser un vampire se nourrir de moi, c'est peut être pas une bonne idée. Mais si j'ai le droit d'assister à cet instant où son visage pétille de couleurs, alors ma douleur est apaisée et oubliée.
J'attrape le bol de fruits non loin et me replace sur le sofa, une Ange toujours blottit contre moi. « J'aime les teintes du ciel à l'aube. Je ne sais pas de quelle couleur est mon sang, ni même ma chair ou mes os.
C'est une malédiction chez nous de voir son propre sang. Je sais seulement que celui des humains est rouge, comme le crépuscule. » J'imagine, pendant un instant, que le sérum est la luxure du vampire, et je m'en veux un peu de lui parler si librement de son repas tout juste digéré.
« Si tu devais le peindre, il serait comment ? »
Mes yeux s'ajustent doucement à la lumière du jour qui nous envahit et nous réchauffe. Je pioche dans mes fruits, l'autre main caressant sa chevelure perlée de diamants.
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Pendre Alphie en public, nu.