Sujet: bibidi bobidi bou // tonton Mer 21 Mar - 23:25
I WANT TO BELIEVE IN MAGIC
Les arbres sont tous les mêmes, ce n’est pas naturel - ce n’est pas beau non plus. Heureusement que le ciel n’est pas factice et que ses nuages changent au gré du vent - ça, c’est beau.
Alors il a le nez en l’air et les yeux rivé sur le toit de verre. À marcher de manière si étourdie, il finira par se perdre. Il se perd souvent. Il s’est un jour perdu dans un magasin Ikea. C’est un vendeur qui l’a retrouvé recroquevillé dans le rayon literie peu après la fermeture - il avait tellement pleuré que les draps en étaient trempés.
Basile est une madeleine - ce n’est un secret pour personne, personne qui le connaît.
Oh. Il y a un pont - cela veut dire qu’il y a une rivière ? J’aime les rivières et les ponts. Il aime les rivières et les ponts.
Chez sa mamie Suzanne, il y avait un grand étang avec un pont de bois le traversant - il passait des heures sur ce pont de bois traversant le grand étang, à contempler les poissons ondulant sous l’eau. Quand elle cuisinait du pain perdu, il ramassait les miettes qui tombaient après chaque tranche coupée, les mettait dans ses poches et attendait la fin du repas pour aller les nourrir - les poissons, pas les insectes ; oui, parce qu’il y avait aussi une colonie d’insectes dans les herbes bordant le grand étang - là, on s’égare…
Basile s’égare très souvent - ce n’est une surprise pour personne, presonne qui le connaît.
Plutôt que de poursuivre sa balade forestière, il s’en va donc à la rencontre du pont et de la rivière. Il a un peu le dos voûté. Il a un peu la démarche bancale. Ses mains sont occupées par des sacs lourds et pleins de citrons.
Il adore les citrons. J’adore les citrons. Il a fait le marché avant d’aller se balader - le marché aux fruits de son quartier. Il y avait pleins de fruits beaux, colorés et qui sentaient bons - mais, d’entre tous, ce sont les citrons ses préférés - alors il n’a acheté que des citrons.
Quand tu rentreras, tu feras une tarte aux citrons, une citronnade, du lait chaud citronné, un lemon curd et - s’il t’en reste assez - des citrons confits. Tu es très bon pâtissier, tu sais très bien préparer les citrons confits.
Les reflets du soleil sur les vaguelettes, c’est très joli - ils te font penser aux toiles d’araignées, celles qui sont tissées entre les fleurs ou les branches et qui, quand il pleut, gardent quelques gouttes et qui, quand il fait beau, miroitent. J’aimerais bien être un reflet sur une vaguelette. Tu crois en la magie. Tu te dis que ce que tu admires - ce que tu vis, c'est magique.
Quand tu penses au mot magie, tu as toujours envie de chanter. Tu penses au mot magie, là, maintenant - alors, là, maintenant, tu chantes.
Basile est maladroit - ce n’est une nouvelle pour personne, personne qui le connaît.
Il voulait tellement admirer de plus près les reflets sur les vaguelettes, il était tellement prit dans ses pensées de magie - qu’il lâcha par mégarde l’un de ses sacs lourds et pleins de citrons. « Nooooon ! » - il geint, les larmes déjà aux bords des yeux et les mains en avant.
À te pencher ainsi au-dessus de la rambarde, mon Joli Coeur, tu vas finir par faire plouf !
Sujet: Re: bibidi bobidi bou // tonton Jeu 29 Mar - 4:25
Bibidi bobidi bou
Venir dans cette forêt était une sacrée idée de merde. Pourquoi Tonton est là, déjà? Ah, oui; un de ses neveux a entendu dire qu’on pouvait y trouver des fleurs très efficaces contre le pourrissement une fois prises en tisane. Il avait reçu cette info du cousin d’une belle-sœur d’un ami, ou quelque chose comme ça. Et il a assuré à Tonton que c’était une bonne idée. Tu parles. Tonton, bonne poire, l’a cru. Et maintenant, il tourne en rond depuis au moins une bonne heure dans une forêt où les arbres sont nombreux et identiques, et où on ne croise pas vraiment de fleurs.
Tonton erre encore longtemps. Il n’a aucun moyen de se repérer. Il n’a jamais eu un bon sens de l’orientation, mais l’endroit est comme un labyrinthe. Il grogne et insulte le monde entier intérieurement. Il a vraiment pas envie de passer la soirée ici.
Tandis qu’il marmonne dans sa barbe, Tonton croit entendre quelque chose. Il tend l’oreille. C’est un bruit sourd et régulier. De l’eau? Guidé seulement par son ouïe, Tonton tente de retrouver la source du bruit. C’est une rivière. Tonton jubile; il ne dormira peut-être pas à la belle étoile, finalement. Il n’a plus qu’à suivre le courant, ça l’amènera bien quelque part. En tout cas, c’est une piste à suivre, et c’est toujours mieux que d’avancer à l’aveuglette.
Au fur et à mesure qu’il marche, il aperçoit au loin un pont qui surplomb la rivière. Ce premier signe de civilisation le rassure. Il s’approche, et distingue sur ce pont une silhouette. Après quelques pas, la silhouette devient plus précise. C’est un homme qui se tient sur ce pont, et il tourne le dos à Tonton. Le zombie accélère le pas. Quelqu’un! C’est sûrement quelqu’un qui pourra l’aider à retrouver son chemin.
Tonton est au pied du pont quand l’homme devant lui, qui ne semble pas l’avoir remarqué, se penche par-dessus la rambarde. Le cerveau de Tonton analyse ça comme une tentative de suicide et envoie des signaux au reste du corps.
« Non ! » hurle Tonton avant de se mettre à courir aussi vite que possible vers le suicidaire.
Dans un réflexe qu’il ne saurait expliquer, Tonton saisit à deux mains l’une des chevilles de l’autre homme et le tire aussi fort que possible vers lui. L’autre se cogne contre la rambarde, mais il évite le plongeon.
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