Quand il regardes devant lui il ne peut s’empêcher de le trouver beau.
Sous tous les angles, et sous toutes les lumières, c’est fou.
Alors comme un insecte se dirigeant vers la lumière, Alphie suit cette troupe de gens. Miss Margarine au loin donne des cookies à des vieux beaufs et derrière, au loin, Edwig essaie de suivre la marche -peut-être se perdra-t-il. Mais ni alphie, ni les autres ne vont l’aider. La notion d’aide est inconnue aux yeux d’Alphie. Il peut bien aller aider quelqu’un, mais il ne sait pas ce que c’est.
Des fois il fait des choses, il ressent des choses mais il ne sait pas ce que c’est, il ne sait pas les nommer.
Alors Alphie se retourne pour regarder une nouvelle fois l’être magnifique devant lui.
Il est trop beau. wow.
Alphie se précipite vers cet être magnifique tout en secouant les bras dans tous les sens en criant :

« BEAAUUUUUUUUU ! BEAUUUUUUU ! Il le rattrape et pipelette, entame une discussion
Alors tu nous emmènes où ? Qu’est-ce qu’on va faire hein ? Et y’a des nouveaux gens avec nous aujourd’hui, je comprend pas Miss Margarine euh Margarette a donné ses cookies à deux pépés mais pas à moi. Tu crois qu’elle m’aime pas ? Hein ? On arrive quand d’ailleurs ? J’ai faim et j’ai besoin de faire pipi… Tu peux pas arrêter la troupe genre trente secondes le temps que j’aille derrière un arbre ? Nan parce que j’arrive pas trop à faire pipi en sachant que si je dure longtemps je vais vous perdre. Et aussi j’aime bien faire pipi quand y’a du monde autour… Pas seule, j’arrive pas à pisser… La dernière fois je me suis fait pipi dessus parce que j’avais vu personne pendant 2 jours… … … … Euh tu m’écoutes au moins ? »

Beaucoup se demande ce qu’il se passe dans sa tête. Les infos viennent très rapidement et se synthétisent très vite à sa bouche sans qu’il ne réfléchisse vraiment. Alphie croit ce qu’il dit et le pense mais oublie très vite pour laisser place à de nouvelles informations plus ou moins parasites.
Mais certaines fois, les informations physiques ont du temps à être compris -les problèmes d’avoir un corps qu’on ne comprend pas, alors lorsque Beau s’appuie sur Alphie, celui-ci ne comprend pas tout de suite et le voilà qu'il s’accroche à lui.
Beau trébuche et Alphie veut l’aider afin de ne pas tomber dans ce fossé…
Trop tard.
Et les voilà les deux gaillards à tomber dans cette grande pente, entrainant des cailloux, créant une mini avalanche et Alphie se dit que les roulés-boulés dans l’herbe sont quand même plus confortables.
Les gravillons pointus s’accrochent à sa peau et la troue, maintenant Alphie crie plus de douleur que de peur.
Tout ça ne dure que quelques secondes, mais Alphie sent que sa joue est écorché et le voilà en bas de cette pente raide. Bien trop raide pour être remonté comme ça. Et Alphie se relève et les larmes lui montent aux yeux à cause de la douleur et il se met à chialer comme un gamin.
Entre deux larmes, il regarde autour de lui, il a peur, peur d’être abandonné. Pauvre enfant esseulé et perdu mais la masse de vêtement derrière lui signifie la présence d’une autre personne.
Alors Alphie s’avance à quatre patte, la morve au nez et touche cette masse informe qui lui a tout l’air d’être Beau -pas sous son plus beau jour.

« Beau… Beau ?? Répond… il renifle. Tu vas bien ? Me dis pas que t’es mort. Oh putain… Eeeeeeh ! BEAUUUU ! S'te plait, je veux pas avoir de mort sur la conscience... Après c'est moi qu'on va accuser d'assassin hein. Je suis pas un assassin moi... »

Il pleure, geint, renifle, ses yeux brûlent et sa gorge se noue un peu plus à chaque gémissement. Alphie secoue toujours un peu plus Beau, il regarde autour de lui et la pénombre des lieux lui fait peur. Des arbres, des arbres et encore des arbres. Et si avant de tomber le soleil était haut dans le ciel, maintenant, perdu dans la forêt, les branchages bloquent les rayons de l’astre solaire alors Alphie le peureux à la frousse et le coup de vent le fait couiner de peur.
Il agrippe un peu plus la veste de la belle au bois dormant puis sursaute à l’entente de la voix grave et courroucé du brun qui se relève difficilement pour pincer la joue du pleurnichard sans doute pour le rassurer. Puis d’une douce caresse il passe ses mains sur les bras salis d’Alphie qui se dit que Beau est vraiment l’homme le plus gentil du monde. Gentil au point de salir ses doigts pour nettoyer un être insignifiant comme Alphie -qui se salira sans doute encore une fois dans cinq secondes.
Et goutte d’eau, il lui donne des conseils esthétiques, Alphie en est tellement touché qu’il voudrait faire un câlin mais comme l’a souligné Beau, il doit d’abord se moucher et arrêter le flux de larmes.
Alors Alphie enlève le sac à dos qui a prit un peu cher lors de la descente et sort un rouleau de PQ de celui-ci. En se mouchant il lance un coup d’oeil vers Beau en pleine reflexion -même quand il réfléchie il est beau c’est fou.

"Et puis. Comment est-ce que nous nous appelons."

Alphie ne comprend pas. Il soulève un sourcil devant l’incompréhension de Beau. Alphie s’éponge les yeux rapidement et s’approche un peu plus de Beau pour poser sa main sur son épaule :

« Tu te souviens plus ? T’es sûr, Je suis Beau et toi Alphie. T’étais en train de trébucher alors j’ai essayé de te rattrapé mais c’est moi qui suis tombé et je t’ai emporté sans faire exprès… Je veux pas mourir ici moi… J’ai peur, j’crois y’a des sangliers ici j’suis peut-être un flageolien, mais moi je suis avarié, les sangliers vont juste chopper un diabète…

On verra bien s'il ne se souvient vraiment pas de son nom. En attendant ça peut pas lui faire de mal que de penser qu'il s'appelle Alphie.

Alphie l’éternel peureux et Beau le relativiste perdue dans une forêt. Même en ayant perdu la mémoire Beau reste inébranlable. Alphie respecte, même un idiot comme lui comprend la valeur de Beau -dans une émission de survie, il gagnerait sans doute le pactole.
Et le plus beau dans l’histoire, c’est que les paroles du brun apaisent Alphie alors il se calme et se permet de blaguer un petit peu.
Alphie a toujours été joueur, son intelligence arriérée fait qu’il ne sait quand le temps en vient aux plaisanteries et quand ce n’est pas le moment. Alphie pouffe, il sait que lorsqu’il révèlera la vérité à Beau dans quelques minutes, ils rirons ensemble, la larme à l’oeil et beau lui dira à quel point il est drôle.
L’extraterrestre voit que Beau n’est pas dupe, il est déçu. Déçu de voir cet air septique se figer sur le visage de Beau et qui plus est qui s’approche dangereusement. C’est comme si en l’espace de trente secondes Beau avait découvert la supercherie alors que lui-même y aurait cru jusqu’à la fin de sa vie.
Et pour la première fois de sa vie, Alphie se dit qu’il est quand même très naïf. Et il trouve que cette pensée craint. Alors il décide de l’ignorer et de ne plus jamais y penser pour plutôt se concentrer sur la taquinerie présente.


– Et que faisions-nous avant de tomber ?

Alphie reprend ses esprits, Oh. On marchait, je ne sais où avec des gens, y’avait Margarette et Edwig, et pleins d’autres gens que je connais pas. Je sais pas trop pourquoi on faisait ça, mais moi je te suivais. Beau est suspicieux et Alphie a envie de rigoler un bon coup tellement la situation est cocasse à ses yeux. L’alien se dit que tout de même, Beau est un personnage bien narcissique -allez savoir comment il se souvient de ce mot-, ça le frappe maintenant, vraiment. Tellement narcissique qu’il accorde un importance excessive à ce surnom (prénom ?) au point de s’en rappeler même avec une amnésie pareille.
A moins que Beau ne soit pas bête, après tout, Alphie est trop bête pour comprendre quand quelqu’un lui ment. Peut-être qu’une personne avec assez d’intelligence arrive à déceler le vrai du faux. Peut-être que l’intelligence va de paire avec la raison après tout.

Moi ? Important ? Ahah, je crois pas non. Je dois bien être la dernière personne à avoir de l’importance sur cette île. Alphie voit Beau se reculer, il se lève pour l’aider Attend je t’aide tu t’es bien ramassé tu devrais rester un peu assis. Et je vais bien, j’ai juste mangé de la terre on a fait une sale chute, c’est plus pour toi que je m’inquiète. J’espère que les gens du groupe ont remarqués que tu manquais à l’appel… Sinon on va devoir faire comme ce gars là coincé sur une île avec un ballon -la question maintenant est qui est le ballon.

Alphie aurait pu en pleurer. Si Alphie n’était pas Alphie, oui, il en aurait pleuré lui-même de cette constatation. Son incapacité intellectuelle fait parfois bien les choses ; incapable de se rendre compte à quel point ses paroles sont tristes, il continu à sourire comme un goguenard et si on ne le connait pas, on pourrait se dire qu’à cet instant son corps entier sue l’ironie.
Pourtant, aucune émotion particulière ne l’abrite. Pourtant à cet instant, Alphie ne ressent rien à part peut-être une inquiétude croissante pour Beau.
Alors quand celui-ci essaie de le revaloriser, rien ne l’habite quoi qu’une touche de culpabilité se fait ressentir, là, au fond de son coeur, à cause de ce mensonge. Ce mensonge naïf qui pourrait faire dévier leur relation amical vers quelque chose de plus sombre. Et Alphie ne peut s’empêcher de se dire que cette sensation étrange d’être reconnu lui fait tout de même plaisir ; même si on ne parle pas réellement de lui.
Alors un merci s’échappe de ses lèvres qui tressaillent à l’envie de lâcher un sourire. Sensation humaine, bien trop humain pour un non humain comme lui et il s’interroge : depuis quand ressent-ils autant d’émotions et de sensations humaines ? Alphie se demande si dans ce corps humain, le flageolien au fond de lui ne serait-il pas en train fondre jusqu’à disparaître entièrement pour ne plus qu’être un simple humain.
Et la peur s’installe.
Encore un sentiment humain.

Ne pas s’inquiéter que lui répète l’humain en face de lui, complètement ignorant de la situation ; là, Alphie a envie de rire, rire de ne pas être le plus ignorant ici. Ou peut-être a-t-il envie de pleurer Ou de s’énerver et de tout casser. Mais seul son visage réagit à ses émotions qui l’abritent et un sourire étrange se mue sur son visage enfantin.

 « Par contre tu devrais éviter de manger de la terre, tu vas te faire mal au ventre. 

Si seulement il savait qu’à l’intérieur de cette enveloppe corporelle ne s’y trouvait pas que des organes humains. Quoi que ça restait à confirmer, est-ce qu’avec toutes les recherches qu’on avait fait sur son corps on pouvait encore l’appeler Alien ? Qu’était-il au juste maintenant. Il ne savait plus, comme il ne se souvient que par bribes de son passé sur sa planète natale. Si ça se trouve il n’était qu’une intelligence artificielle dans ces corps humanisés.
Alphie le complotiste voilà qui lui sied bien.

Ami je sais pas, toi t’es mon ami, mais est-ce que je le suis, je sais pas. Je sais même plus qui je suis maintenant… Avec les années j’oublie et j’arrive à peine à me rappeler de ma famille. Et je ne sais pas pour toi, mais moi c’est la deuxième fois que je te suis dans ce genre de balade. A la fin il se sont rassemblés en cercle pour faire je ne sais quoi ; je me suis endormi tellement c’était chiant.. »

Tous deux perdus dans des songes profonds, un silence s’installe. Un silence long et profond alors que le vent commence à se lever pour commencer une petite valse avec les branches des arbres qui reprenne vie doucement et les aiguilles des conifères impérissable. Alphie fixe longuement le sol, proie à des questionnements qu’il se pensait lui-même incapable de se former dans son esprit. Si lui pensait marcher tranquillement aujourd’hui, le voilà remettre en question sa propre vie et ses croyances -quoi que peu profondes.
Mais d’un côté il aimait bien cette situation, oui, égoïste n’est-ce pas ? Tout le monde à ses propres défauts. Alphie aimait bien cette attention particulière. A quand remontait la dernière fois qu’on ne l’avait regardé comme ça, qu’on lui avait parlé comme ça avec cette petite touche de… d’amour ? Il claque la langue, énervé une nouvelle fois d’éprouver quelque chose de telle alors qu’en face se trouvait juste… Beau.
Beau victime de son mensonge, être naïf, petit faon qui a perdu sa maman et ses repères. Et depuis quand éprouvait-il de la culpabilité ? C’était peut-être la première fois, mais c’était aussi la première fois qu’il balançait un mensonge qui tourne aussi bizarrement. Alphie ment des fois, comme tout le monde, pourtant Alphie ne se retrouve jamais avec de telles réactions, c’était comme si Beau était devenu quelqu’un d’autre depuis qu’il croyait que Beau, c’était Alphie.
et la peur des représailles le prennent aux tripes

Alors Beau sort de sa trans en ajoutant qu’ils font partis d’une secte. Alphie ne sait pas ce que c’est, mais lorsque Beau dit qu’il faut fuir son sang ne fait qu’un tour dans ses veines. On lui voulait du mal ? Ils devaient sans doute être au courant du mal qu’il avait fait aux gens qui l’entourait, d’abord Fyo puis maintenant Beau. À proprement parler, il n’en avait pas encore fait à Beau, mais ça ne saurait tarder (NDA: en vrai Beau va être grave soulagé mdrr).
Alphie a des frissons, frissons de culpabilité et des frissons de peur. Peur de cette fameuse secte dont il ne savait absolument rien mais le mot ne lui disait absolument rien. Beau lui semblait serein, comme à son habitude ce qui ne rendait en rien Alphie moins peureux. Alphie a peur, peur d’il ne sait quoi, mais c’est dangereux, ça a l’air dangereux. Puis Beau se relève.

«  Je suis aussi certain d’une chose… Je crois bien que je t’aime. »

« AH ! »

Mais il n’a pas le temps d’en dire plus que soudain du bruit se fait entendre au-dessus d’eux, un bruit de pas, des pas qui descendent de la falaise, celle dont-ils venaient.

« Oh putain, j’suis trop jeune pour mourir ! Faut couriiiiiir hiiiiiiii ! »

Alors Alphie lui prend la main et court le plus rapidement possible comme si a vie en dépendait -en même sa ie en dépend. Les arbres lui fouettent le visage mais il n’en a que faire, son coeur souffre, à trop courir il risque d’exploser dans sa cage thoracique mais tant pis, il le faut -au moins alphie sait maintenant que son corps humain n’est pas sportif.

« ça va tu suis le… rythme ? » dit-il en haletant comme un boeuf qui vient de faire une journée de travail intense.