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MessageSujet: this is the way the world ends 一 azrael this is the way the world ends 一 azrael EmptyJeu 8 Mar - 9:10




certains matins ont des airs de fin du monde - sans l'ombre d'un doute, celui-ci était l'un d'entre eux.
tu l'as senti aux premiers battements de tes paupières ; il y avait dans les rayons de soleil et les courants d'air quelque chose qui ne tournait pas rond. c'était imperceptible et pourtant bel et bien là - cette sensation qu'aujourd'hui quelque chose, sinon ton monde tout entier, allait changer pour de bon. alors l'idée t'étais venue comme une évidence : s'il fallait un jour implorer le ciel, alors c'était certainement celui-ci - ce matin, tu irais à la messe. simple élucubration ou vestige d'une éducation dont tu n'avais jamais fait cas - qu'importe ; au fond, qu'est-ce que tu avais de mieux à faire ? tes journées étaient aussi paisibles qu'ennuyeuses - tu avais parfois l'impression d'agoniser jusqu'à la tombée du jour ; jusqu'à ce que le soleil enfin se meure. aujourd'hui n'en serait rien : tu le sentais et tu en frémissais d'avance.

ce n'était qu'en revêtant ton costume d'innocente que tu y avais songé - il serait là, sans doute comme tous les jours. ta distraction d'un soir, rien de plus qu'une voix dans la pénombre ; et pourtant, tu t'en souvenais encore - après tout, tu lui avais promis de lui demander son nom. il ne te rappelait personne et pourtant tout à la fois ; comme une pièce manquante - t'avais l'impression d'en avoir fait le tour et pourtant d'en ignorer tout ; alors qu'il te suffisait d'ordinaire de cinq minutes de conversation pour lire les autres à coeur ouvert. il t'avait déçue, l'autre soir ; et pourtant, ton esprit y revenait plus que de raison - il y avait là quelque chose qui, pour une fois, t'intriguait ; quelque chose qui en valait la peine - ou du moins tu l'espérais.
il est midi quand tu te tiens devant les marches l'église - tu tenais toujours tes promesses, et il allait l'apprendre à ses dépends. tes pas battent la cadence quand les cloches tout d'un coup retentissent - un coup, puis deux ; tu te surprends à penser que ça sonne comme un glas. trois, quatre, cinq, six.

sept ; et tu gravis les marches avec une lenteur insolente. il te semble que le temps est de toute façon comme suspendu : comme si le destin quoi que tu fasses allait t'attendre - après tout, il était question de toi ; comme à chaque fois. alors tu prends ton temps : un pied devant et puis l'autre, le regard dans le vague - c'est un matin hors du temps ; alors à quoi bon se presser ?

huit ; et un courant d'air fait virevolter ta robe  d'une blancheur insolente - aujourd'hui tu t'es voulue virginale ; et tu te surprends à faire illusion. t'es belle comme au premier jour : t'as les cheveux qui volent au vent et le visage figé dans une expression paisible, inhabituelle - tu ne te ressembles même pas, et pourtant t'es toujours la même ; tes intentions sont mauvaises et tes démons rampent à tes pieds.

neuf ; et tu pousses sans crier gare les portes de l'église - peu importe ce que tu t'apprêtes à libérer. le froid te prend au corps et le son de l'orgue t'assourdit - tu ne lèves pas les yeux, pas encore : quelque chose te dit qu'il est bien trop tôt.

dix ; et tu t'avances dans l'allée comme le jour de ton mariage - ça t'arrache un sourire sans joie. petite tu en avais rêvé comme toutes les autres ; et puis ta nature mauvaise t'avais cueillie au passage - tu n'avais ni le coeur ni la patience de prétendre à une fin heureuse : tu serais seule à te présenter face à la faucheuse, et sans doute que tu te jetterais dans ses bras.

onze ; et tu t'attends à ce que d'un moment à l'autre tout bascule - la foule se lève comme d'un seul homme mais tu ne fais même pas attention : le danger ne viendra pas de là mais d'ailleurs, tu le sais. alors que tous se dirigent vers la sortie, tu demeures ; et enfin, dans un énième battement de cils, tu te décides à lever les yeux.

douze ; et c'est tout ton monde qui part en éclat. douze et toutes tes névroses tirent leur révérence ; douze et t'as l'impression que le sol s'ouvre sous tes pieds qu'enfin l'heure est venue à laquelle tu disparaîtras - mais il n'en est rien, hélas ; c'est juste ton coeur qui vient de manquer un battement.

tu esquisses un sourire incrédule aux allures de grimace - c'était à la fois évident et impossible, inespéré et pourtant certain ; et pour la première fois de ton insupportable existence, les mots te manquent.
il se tient devant toi, comme au premier jour. il ne t'a pas encore apperçue, et tu l'envies - lui ignore que son monde entier est sur le point de basculer.


Esmée
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MessageSujet: Re: this is the way the world ends 一 azrael this is the way the world ends 一 azrael EmptyJeu 8 Mar - 16:01


black bird
ses adieux, l'autre soir, comme des coups de couteau.
il s'en faut de si peu pour dévoiler chez certains des profondeurs terribles ; neuf cercles de l'enfer contenus dans ta tête, et six pieds sour terre ses derniers mots, comme une blessure favorite  - tu m'ennuies. le verbe-lumière, créateur, assassin : les déchirures du coeur sont peut-être les pires, mais celles de l'orgueil ne cicatrisent jamais. tu m'ennuies à en crever. deux phrases qui pour toi ont fait guise d'epitathe, en lieu de la sepulture que tu ne visiterais jamais - que tu te répètes aux premières lueurs de l'aurore, une litanie suppliante ; une pénitence, non pas de toi aux cieux mais de toi à elle. tu n'as jamais trouvé la foi qu'entre ses bras - tu sais bien aujourd'hui que les dieux ne sont pas cléments. pourtant c'est elle que tu pries ; son pardon que tu implores sur les marches de l'autel, son corps sans vie suspendu à la croix dès que tu te risques à lever les yeux - sa voix dans tous les chants, un épouvantable contre-alto.

elle est morte. elle ne reviendra pas.
& pourtant, cette femme- ses déchaînements cruels et oh, si intimement familiers, son discours un écho de tes secrets les plus chers ; sa rhétorique infernale. tu voudrais la sortir de ta tête mais tes pensées semblent y revenir systématiquement, dès que tu baisses ta garde - pénétrer jusqu'à ton âme par tous les pores de ta peau, cette impossible hésitation : on ne répète jamais assez que le doute, c'est le diable.  cette femme, l'autre soir, t'avait laissé tremblant et stupéfait, comme pétrifié d'horreur face à des conjonctures inadmissibles et informulables - cette femme, que tu avais laissé s'en aller sans esquisser le moindre geste, écoutant le son de ses talons qui claquaient sur la pierre s'éloigner, puis finalement s'éteindre tout à fait.

elle est morte. elle ne reviendra pas. tu l'as tuée.
enchevêtrée dans vos draps de coton, comme un linceul - rouge, ta fureur, ta jalousie féroce. ses grands yeux ouverts ont fixé un point loin au-dessus de ta tête et ne l'ont plus quitté. il paraît qu'aimer c'est regarder ensemble dans la même direction ; qu'en est-il, alors, de ceux qui ne voient plus ? tu l'avais laissée là, inerte et déjà froide - protégée des éléments quelques heures tout au plus, de la curiosité morbide de vos voisins un jour ou deux ; tu l'avais laissée, oui, pour morte - & avec elle, tout le reste.

il est midi. le soleil à son zénith joue de ses rayons à travers les vitraux ; des prismes de couleur, sur tes joues. c'est un jour d'office - tu es seul sur l'estrade, surplombant de très haut la masse vivante et mobile ; un tableau archangélique, vestiges de la renaissance. déjà, les fidèles se lèvent, se dispersent - s'approchent pour donner l'aumône. tu poses soigneusement ton cahier de doléances - enfin, lèves le front.

à l'autre extrémité du grand hall, une silhouette vêtue de blanc, chaste et candide - son visage séraphique pâli par les années, sa chevelure éparse sur les épaules, un drapé oriental ; et à ses lèvres, un sourire régicide. une chimère de chair et d'os, ton illusion concrète.

vient l'impact - tu te plies en deux comme sous l'effet d'un choc, tes yeux écarquillés qui ne veulent plus ciller plongés dans les siens, enfin - tu chancèles, et il s'en faut de peu pour que tu ne t'effondres tout à fait. tu l'as tuée. à ta croix, exorciste - que t'a-t-elle dit, l'autre soir ? je crois qu'il est hanté.

son nom s'étrangle dans ta gorge, vient mourir sur ta langue ; trois syllabes, impératrices.
katrina.




Azraël
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DARKCRY
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